La dictature du poil !

“Give women the opportunity to be whatever they want and as multifaceted as they can be.” C’est ce qu’écrivait le top Emily Ratajkowski pour accompagner sa photo postée sur son compte instagram. Elle pose le bras relevé, dévoilant des poils sous les aisselles. Cette photo a suscité énormément de critique à cause de simples poils sous les bras mais surtout de poils sur le corps d’une femme, relevant ainsi le regard de la société sur le poil féminin. Les « unfollow » se sont ensuite rapidement succédés, néanmoins le geste a été également applaudi par de nombreuses personnes. Au même titre que le no bra, de nombreuses femmes luttent contre la dictature de l’épilation, pour que les poils féminins ne suscitent plus autant de dégoût que les poils masculins.

Les poils comme moyen de se réapproprier son corps

De nombreuses femmes ont décidé, par conviction féministe ou simplement pour faire un doigt à la société, de se réapproprier leur corps en arrêtant de s’épiler. Démarche courageuse lorsque l’on voit qu’un simple poils sur le corps d’une femme suscite tout bonnement et simplement du dégoût. Mais pourquoi les poils sur le corps d’une femme seraient vus comme sales alors que sur le corps d’un homme ils sont vus comme y étant à leur place légitime ? Les femmes ont des poils ! Lorsque l’adolescence débarque, la pilosité apparaît chez les jeunes filles comme chez les jeunes garçons. Les poils féminins se nichent au niveau des aisselles, des jambes, du pubis et même des tétons ou encore du menton. Sur instagram, le compte Le Sens du Poil espère dédiaboliser le poil sur le corps des femmes notamment en postant des photos de femmes au naturel, montrant ainsi la diversité des corps mais surtout que les poils sont une chose NORMALE et NATURELLE chez une jeune femme et une femme adulte ! Les témoignages mettent également en lumière l’envie pour ces femmes de sortir d’un schéma sexiste et de se réapproprier leur corps comme elles en ont envie avant tout, et cela passe aussi par laisser de côté l’épilation qui représente un coût.

L’épilation, une charge mentale comme une autre

L’épilation, comme dit plus haut, a un coût ! Qu’elles achètent cire, rasoir, crème épilatoire ou qu’elles se rendent dans un institut se faire épiler, les femmes sortent forcément leur porte monnaie. C’est également une des nombreuses raisons qui ont poussé ces femmes à garder leurs poils, et ce sont des économies non négligeables tout de même.  En plus de provoquer des irritations de la peau, l’épilation représente une charge mentale à cause de cette crainte du poil féminin, sur le compte instagram Le Sens du Poil, une jeune femme confie : « Quand j’étais plus jeune j’avais bien intégré, comme la plupart des filles, qu’au moment où mes poils apparaissaient, il allait falloir que je les élimine. Puisque toutes les femmes le faisaient, je pensais que c’était comme ça, un point c’est tout […] Une vraie galère et surtout une grosse charge mentale à toujours devoir anticiper les moments où j’irai à la piscine, à la plage, ou tout autre moment où mes poils allaient être visibles. » La plupart des femmes ayant renoncé à s’épiler ont tout simplement dit « STOP » à ce temps et cet argent dépensés pour plaire aux autres plutôt qu’à elles-mêmes. Et c’est là le plus important : se plaire à soi avant tout ! Il est donc important de rappeler que s’épiler ou non reste un choix propre à chacun-e. 

S’épiler ou non : mon choix !

Arrêter de s’épiler c’est parfois s’exposer à de la violence, le compte instagram Paye Ton Poil répertorie des témoignages sexistes autour du poils. Certaines paroles, que l’on peut lire sur tous les réseaux sociaux, sont très violentes et montrent bien à quel point la société n’accepte pas les poils sur le corps des femmes. Elles doivent avoir un corps net et lisse comme celui d’une petite fille. Néanmoins, il y a tout de même des réactions positives et des femmes qui se soutiennent entre elles. Il est important d’éveiller les consciences et d’enfin représenter la femme telle qu’elle est au naturel : avec des poils, des vergetures, de la cellulite, des cicatrices, des rides, avec un corps VIVANT ! L’épilation n’est pas une obligation, on peut ne pas s’épiler tout comme on peut très bien s’épiler parce qu’on aime notre corps ainsi.  

Liberté, pilosité, sororité

Liberté, pilosité, sororité est un collectif féministe non-mixte luttant en faveur de l’acceptation de la pilosité féminine. Le combat de ce collectif s’inscrit dans une démarche féministe plus large qui milite pour que le corps des femmes soit perçu avant tout comme « un corps pour soi », et non plus un corps objet décoratif/sexuel destiné au plaisir d’autrui (plus particulièrement à celui des hommes). Autrement dit, pour que les femmes se sentent aussi libres que les hommes d’explorer, ressentir et vivre, et ne soient pas restreintes dans leurs activités par des normes de beauté oppressives. Liberté, pilosité, sororité ne se bat pas pour la création de nouvelles normes de beauté, mais pour un affranchissement de celles-ci. Le collectif prévoit d’organiser diverses actions – en ligne ou dans la « vraie vie » – afin de promouvoir l’acceptation de la pilosité féminine. Il sera également proposé des articles informatifs autour de la pilosité. Le collectif a déjà commencé à organiser des rencontres conviviales et informelles dans plusieurs villes de France comme Paris, Lille, Clermont-Ferrand ou encore Rennes, entre femmes ayant arrêté de s’épiler ou se questionnant à ce sujet. Pour plus d’informations RDV sur le site internet ou sur la page Twitter du collectif. 

« Les femmes en viennent à organiser leur vie et leurs postures physiques autour de la dépilation, ne pouvant montrer leurs poils ni publiquement ni dans leur vie intime. », explique la sociologue Miléna Younès-Linhart. Je vous invite à lire l’article paru dans le magazine Libé, dont est extraite cette citation, qui est très bien écrit et criant de vérité.

Que pensez-vous de cette dictature du poil ?

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